

blabla les pansements blabla et surtout la figure des rafales blablabla les cicatrices et le placenta blabla ça baigne blabla le sang une marre immortelle blablabla magique mystique blabla tu savais que les sorcières sont des anges gardiennes ? blabla quand il pleut sur nos joues bouh ça rempli la rivière blabla parler le vaisseau du langage blabla regarder par le hublot blablabla si toi aussi t'aime la nuit et que t'as un penchant pour les poète•sses torturé•es alors reste là steuplé

dans ta peau poussent des centaines de graines, de toutes petites graines que l’on aime regarder pousser sans savoir ni pourquoi on les aime ni pourquoi elles poussent. elles se multiplient car elles n’ont rien d’autre à faire que décorer ta peau comme les feuilles ombrent les écorces.ta peau ce n’est pas la tienne. elle est indécise, elle prend différentes apparences, différentes textures. ta peau pousse, craque, tire, brûle, pique, démange, tombe. ta peau est tombée sous le soleil, a gonflé contre le froid, a brûlé dans l’amour, a hurlé à son absence. ta peau a peur, elle se cache sous des capes rouges, des couches épaisses et lourdes. ta peau se transforme et s’étire. ta peau a mal de ne pas bien faire la distinction entre ce qui semble lui appartenir et ce qui provient d’un espace plus lointain. ta peau est poreuse et change de nuance, à chaque écart, à chaque croisement. ta peau va dans le mouvement des choses. impalpable, ta peau est une frontière intangible, elle est translucide, elle accueille les rayons de la lumière dans ses sillons, elle les fait rougir et les expose ainsi aux monstres et aux sorcières la nuit.ta peau voit au-delà du réel, elle porte des inscriptions du sacré, des formes de langage magique. pour elle, tu inventes des rituels, ou c’est eux qui viennent te chercher. tu écris. des nouvelles formes de récits, des tissages de différentes formes de vie s’assemblent contre ta peau. des nouvelles peaux pour couvrir les blessures. guérir.tu écris ta peau pour lui pardonner sa magie incontrôlable. tu écris ta peau pour ne plus y penser, pour essayer d’en sortir, pour sortir ta peau d’elle-même.tu as besoin de raconter l’historie de ta peau, de reconstruire son histoire car elle est bien plus vieille que toi. et par toi tu crois en cette forme de cérébralité incarnée sous cette peau.ta peau sait, ta peau absorbe et ressent bien en amont de ce qui en toi cherche à comprendre. alors tu ne cherches plus à comprendre, tu observes son déplacement. son orbite. tu l’écoutes te raconter ce qu’elle devient.
tu acceptes de ressentir ses métamorphoses.
tu écoutes ces métamorphoses.
leur musique tord le silence
leurs cicatrices sont des histoires
les tampons dans le passeport
elles disent corps territoires
pas de frontières
elles racontent ce que les autres murmurent en elle
une nuit elles m’ont emmené
au bord de la mer
elles ont plongé et m’ont écouté
compter les étoiles
elles chuchotaient l’écho
d’une histoire venue des eaux
de l’autre bout du monde
les couleurs dans leurs tissus se mélangent
elles racontent les histoires
comme un arc-en-mer
elles ne résistent pas
contre les éléments du dehors
pas de mal pas de bien
pas de dedans pas de dehors
pas de mort
que du compost
elles rient
ça voudrait dire recycler nos vies
substance, situation, accident, cendre
elles ont peur mais
elles écoutent la terre avec un caillou
comme on met un coquillage à l’oreille
leur peau frissonne
le dos arrondi sous le ciel
le caillou contre la peau pierre
sous leurs genoux
le secret d’une rivière
la pierre se glisse dans le cours d’eau
elles écrivent des talismans
des passages entre elles
ma/ta peau
mon/ton corps
puis je/tu
mes/tes mains
alors je/tu
mes/tes yeux
je/tu me/te souviens
et nous allons
comme un cours d’eau
contre la pierre
tu aimes quand il pleut sur les tuiles rouges
c’est là que vont se nicher les voix
sous l’eau elles glissent
elles se déplacent
les voix qu’elles nomment intuition
celles qui déposent nos corps sur la rive
nous balancent d’un train de l'abandon à l’autre
et nous ramènent
toujours
à leurs existences•rivières
leurs coeurs•montagnes
leurs corps•saisons
à nos peaux•compost
nos amours•racines

Comment se défaire et se refaire sans cesse ?
liste pour faire pousser des ailes sous les omoplates
réparer la toile en tissant les liens
entre les récits
explorer ses réminiscences
mais aussi la magie de l’enfance
recréer l’histoire, comme un mythe
ré-habiter ses blessures
maladies
des passages entre la vie, la mort
la mort et la vie
peut-être
déplacement, décomposition
guérir sa peau
dialogue de corps
percer les frontières percer le temps
intangible
les itinéraires d’un corps-territoire
placenta, double, hommage
compagnon des profondeurs
rites•duels
objet de mémoire
identité
retour à la terre
là où mort et naissance sont au même endroit
vide, errance
ombre, douleur
aliéné•e
hybride
poreuse
sang, eau, coton, plâtre, métal
le sacré, révérences
nous, individuelles et collectives
collectionneuses de l'oubli
nos vaisseaux
espace-refuges
traces
remonter les mailles
contempler le présent
pour peut-être
retrouver une forme de liberté avec la mort
.
il y a vingt-et un-an,
elle a enterré mon placenta dans la forêt

elle a dit
la magie transcende le réel.
